Geneviève de Vénus et Apollon

Une vie de rêve

J'en ai marre, ma vie est trop réelle !

Le frigo qui pue, la poussière sous le lit, la bousculade dans métro, le stress total d'Ingrid tous les jours, le pied que j'ai mis dans l'eau ce matin et qui m'a pourri mes collants, la caissière qui s'y reprend à dix fois pour passer le pain de mie - comme si j'avais que ça à foutre, passer ma vie à la caisse d'un supermarché – le tabac et ses commentaires de beauf, le facteur qui trouve ma boîte aux lettres pour les factures et pas pour le reste, mes amoureux qui m'aiment jamais, ma cicatrice qui s'efface pas, ma mère qui pense pas à moi…

Je voudrais une vie de rêve !

Écoutez vos rêves

J'ai fait un rêve terrifiant : je m'achetais une robe à crédit chez Carrefour ! Ça m'a réveillé. J'ai paniqué.

J'aurais pu rêver que je l'achetais chez Armani ou Gucci. Ça aurait été moins grave.

Mais non, j'étais chez Carrefour, entre le rayon volaille et la viande hachée. J'ai ouvert les yeux, j'ai regardé mon réveil, il était 4h44. Incroyable !

J'ai pris ça pour un signe. Je me suis levée et j'ai fait mes comptes.

Et ben non, je suis même pas dans le rouge. C'est peut-être un signe pour le mois prochain.

Ça m'a quand même pris du temps, du coup j'étais en retard au boulot.

homo libéré

Ce que je comprends pas bien avec les homos, c’est pourquoi ils veulent faire comme les couples habituels ?

se marier, avoir des enfants, prendre des crédits pour décorer la maison, s’engueuler parce qu’il y en a un qui salit, l’autre qui lave, un qui met le souk, l’autre qui range…

Ça sert à quoi d’être différents si c’est pour faire comme papa maman ?

Moi je croyais que c’était pour être libres qu’on était homo, pour faire ce qu’on veut, pour changer tout !

Un jour y’aura peut-être des nains de jardin gays !

Angélique

Y’a que des catastrophes en ce moment.

Dans ces cas-là, je me glisse dans ma couette et je me regarde tous les Angélique en boucle .

Juste avant de m’endormir je crie « Jeoffrey ! Jeoffrey ! » dans le noir. 

Je me sens moins seule et le monde est moins moche.

Un film qui fait réflechir

Je suis allée voir un film super triste.

D’habitude je vais voir que des films d’amour ou des comédies parce que vu le prix des places, je suis pas maso. 

La misère du monde je l’ai sous les yeux, dans l’institut, dans le métro, s’il faut payer 9 euros pour s’en remettre une couche, merci !

Mais ce film, « l’enfant » c’est fort, c’est triste et à la fin y’a de l’espoir parce que le garçon il pleure ! ben oui, ça veut dire qu’il ressent quelque chose à l’intérieur, parce que quand il vend son bébé … t’y crois pas, tu te dis c’est pas possible, il va pas le faire … et puis … enfin, je vous raconte pas, allez-y.

Le problème avec les films tristes c’est qu’il faut que les acteurs soient moches.

Ça fait plus vrai quand ils sont pas maquillés et on y croit plus. C’est pas bon pour la profession, ça. Alors le pauvre acteur qui d’habitude est trop quioute là il a été obligé de se faire pousser des boutons. La fille elle a une peau trop jolie. Elle pourrait dire « parce que je le vaux bien » au réveil, elle, c’est sûr.

Enfin allez voir ce film ! Après on voudrait que tout s’arrête pour réfléchir.

Le truc qu’on fait jamais, quoi !

tomber amoureux en 4 stations !

J’aime bien lire les annonces dans le journal.

Surtout les gens qui se recherchent. « Toi, foulard orange sur ligne 9, regards troublants entre Oberkampf et Richelieu Drouot, te revoir ? … » c’est fort ça, tomber amoureux en 4 stations ! comment on peut impressionner quelqu’un comme ça ? avec un foulard, orange en plus c’est moche … 

Une fois j’ai échangé des regards avec un type dans le métro, il me fixait, je le fixait, il me souriait, j’ai rougi, on s’est levés à la même station, c’est là que j’ai vu sa canne blanche … je me suis sentie con.

La vie en rose

Je suis allée faire mon linge au lavomatic. Une machine de blanc avec les culottes, les draps et ma robe qui marque bien mes reins, et une pour le reste, moins chaude. J'ai mis les pièces dans le monnayeur - faut donner des petits coups de poing pour qu'elles descendent - et je suis allé m'asseoir avec mon magazine. J'aime le ronron des machines et l'odeur, je trouve que c'est accueillant.

Et puis à un moment, j'ai eu cette intuition et j'ai regardé mes machines. Et j'ai vu ! Mes draps, mes culottes, mes dessous et puis ma jolie robe blanche et au milieu, collé au hublot, une toute petite chaussette rouge. Et chaque fois que la machine tournait, le rouge bavait un peu plus. c'est devenu un grand bain rose.

Je suis restée à la regarder tourner en me demandant pourquoi toute ma vie pouvait devenir rose aussi facilement !

sur mon vélo

Je vais m'acheter un vélo. Je vois, y'en a de plus en plus dans Paris. Des fois, ils arrivent même à se rentrer dedans ! pire que des bagnoles ! Mais ça a l'air cool. Ils vont vite, ils font pas de bruit, c'est bio !

Et puis une femme à vélo, je sais pas, je trouve toujours ça romantique…

Une écharde au fond du coeur

j'ai un truc au fond du cœur. Je ne sais pas ce que c'est. C'est comme une écharde qui empêche que ma vie glisse normalement. Des fois, j'ai envie de pleurer, mais je ne sais pas le faire.

D'abord j'ai toujours peur de me pourrir le maquillage. Mais je respire moins bien, j'ai la tête qui lâche toutes les idées qu'elle attrape, je trouve toute ma vie de merde.

C'est fou ce qu'une écharde peut faire.

l'ennuiment

Des fois je m’ennuie, je m’ennuie tellement que je pourrais m’endormir sur place ou mourir, ce qui ressemble un peu en plus triste vu que tu ne rêves plus quand t’es morte.