Vous avez vu les publicités de soutiens-gorge qu'on voit partout !? une blonde qui craint pour la vitre, des fois qu'on lui rentrerait dedans.
C'est n'importe quoi !
Franchement, ils espèrent en vendre de leurs soutiens-gorge en dentelle ? En tout cas, moi pas question que même je les essaie ! Surtout moi,
Non, mais vous avez vu les seins que ça lui fait ? Parce que la mannequin je sûre qu'elle a une jolie poitrine en vrai, une naturelle, ronde et qui tombe un peu.
Mais là, sur les photos, c'est pas possible ! On dirait des faux ! Des seins refaits, et même pas bien refaits en plus !
Franchement, je vois pas pourquoi on achèterait un soutien-gorge qui laisse penser qu'on a les seins refaits.
Si on veut des seins refaits, on fait ce que j'ai fait, on se les fait refaire ! comme ça c'est fait !
On achète pas truc qui laisse croire que…
Quand j'étais petite, des fois en vacances on allait dans ma famille à Saint-Fargeau.
C'était l'été, y'avait souvent des bals et mon oncle il m'invitait toujours à danser le pasos. C'est assez facile à danser. Tu marches sur le rythme, et tu te laisses guider par ton cavalier.
Mon oncle il connaissait deux passes de pasos : un coup à gauche, un coup à droite, en me poussant de chaque côté de son ventre. J'aimais bien ça, de sentir son ventre confortable contre moi, c'était rassurant.
Je vous raconte ça, parce que vendredi je suis allée au Tango. C'est une boîte d'homos où ils mettent exactement le même genre de musique ringarde : des valses, des mambos, des tangos à l'accordéon…
Tu te crois pas à Paris !
J'ai invité un mec à danser, parce que personne venait m'inviter. Il m'a regardée un peu dégoûté, mais il a accepté. Il dansait super bien. Ce que j'ai trouvé dommage c'est qu'il avait le ventre plat. C'est pas pareil de pasos avec le ventre plat.
J'en ai marre, ma vie est trop réelle !
Le frigo qui pue, la poussière sous le lit, la bousculade dans métro, le stress total d'Ingrid tous les jours, le pied que j'ai mis dans l'eau ce matin et qui m'a pourri mes collants, la caissière qui s'y reprend à dix fois pour passer le pain de mie - comme si j'avais que ça à foutre, passer ma vie à la caisse d'un supermarché – le tabac et ses commentaires de beauf, le facteur qui trouve ma boîte aux lettres pour les factures et pas pour le reste, mes amoureux qui m'aiment jamais, ma cicatrice qui s'efface pas, ma mère qui pense pas à moi…
Je voudrais une vie de rêve !
J'ai fait un rêve terrifiant : je m'achetais une robe à crédit chez Carrefour ! Ça m'a réveillé. J'ai paniqué.
J'aurais pu rêver que je l'achetais chez Armani ou Gucci. Ça aurait été moins grave.
Mais non, j'étais chez Carrefour, entre le rayon volaille et la viande hachée. J'ai ouvert les yeux, j'ai regardé mon réveil, il était 4h44. Incroyable !
J'ai pris ça pour un signe. Je me suis levée et j'ai fait mes comptes.
Et ben non, je suis même pas dans le rouge. C'est peut-être un signe pour le mois prochain.
Ça m'a quand même pris du temps, du coup j'étais en retard au boulot.
J'ai vu un couple de vieux assis ensemble en terrasse du café. J'ai pas pu m'empêcher de m'arrêter pour les regarder.
Ils avaient les cheveux blancs, ils se ressemblaient un peu. Comme c'était dimanche, ils s'étaient endimanché. De temps en temps ils se parlaient. Je les regardais parce que je me disais que j'aimerais bien être comme eux, à deux, jusqu'au bout.
Mais bon, avant il faut tellement galérer à draguer n'importe quoi, à accepter des rendez-vous des fois que, à embrasser pour voir si ça vaut le coup, à fréquenter des mecs qui aiment que mes seins ou que le fait de pouvoir dire : regardez la bombe avec qui je sors !
Quand t'es vieux t'as plus rien à prouver. T'es juste content d'être deux, pas seul, d'être plus fort.
Ce que je vais écrire là, jamais je l'avouerais à personne. À
Deauville, je sais pas si je l'avais fait ou pas, j'étais trop saoule. Mais hier soir, j'ai pas couché avec Anthony Delon. Il s'est rien passé entre nous.
Je suis allée à l'avant première. J'avais mis ma robe noire, parce que c'est la plus moulante. Y'avait vachement de monde. Je me suis assise dans la salle pour voir le film, et puis au bout d'un quart d'heure, je tenais plus. ma robe me serrait trop, fallait que j'aille faire pipi. J'étais en milieu de rang, donc c'était pas pratique. J'ai dû faire lever tout le monde et j'ai couru aux toilettes.
Après j'ai pas osé revenir, alors j'ai traîné dans le cinéma. C'est comme ça que je l'ai revu. Il était avec des gens, il attendait la fin du film en buvant du champ'. À un moment il s'est levé pour aller aux toilettes.
Évidemment il est allé chez les hommes, mais moi je me suis pas dégonflée, je l'ai suivi.
Il était surpris de me voir entrer, mais il a rien dit. Il s'est juste enfermé pour faire pipi…
C'est pendant ce temps là que j'ai échangé les portables. Et puis je me suis sauvée.